14-18 à l'université

Le Voyage dans le passé de Stefan Zweig

Photo d'une femme brune, de trois quarts, regard tourné vers le ciel avec un grand chapeau et un une coiffure style 1900
©Grasset

 

 

  • Editeur : Grasset
  • Nombre de pages : 172 pages
  • ISBN : 978-2-246-74821-2
  • Disponible à la BU des Cerclades

 

 

 

Résumé de l’éditeur :

Le voyage dans le passé est l’histoire des retrouvailles au goût amer entre un homme et une femme qui se sont aimés et qui croient s’aimer encore. Louis, jeune homme pauvre mû par une  » volonté fanatique  » tombe amoureux de la femme de son riche bienfaiteur, mais il est envoyé quelques mois au Mexique pour une mission de confiance. La Grande Guerre éclate. Ils ne se reverront que neuf ans plus tard. L’amour résiste t-il à tout ? A l’usure du temps, à la trahison, à une tragédie ? Dans ce texte bouleversant, jamais traduit en français jusqu’à ce jour, on retrouve le savoir-faire unique de Zweig, son génie de la psychologie, son art de suggérer par un geste, un regard, les tourments intérieurs, les arrières-pensées. les abîmes de l’inconscient.

 

Critique Le Voyage dans le passé

A Francfort un homme et une femme se sont aimés et se retrouvent après des années de séparation. Mais leurs sentiments sont-ils demeurés intacts ?

Louis, jeune homme d’origine modeste, entre au service du Conseiller G. Il tombe amoureux de la femme de son patron, jamais nommée.
Passion partagée, qui ne pourra pas être assouvie : Louis part en mission au Mexique pour quelques mois. La Grande Guerre éclate et interdit tout retour au pays. Neuf ans après, devenu père de famille, le jeune homme part sur les traces de sa bien-aimée. Mais les retrouvailles tant espérées ne se passent pas comme prévu.

L’intrigue de ce « voyage dans le passé » est simple, mais la peinture de la passion l’est beaucoup moins.
Dans cette nouvelle posthume, longtemps demeurée inédite, le talent de Zweig pour narrer la violence des sentiments et faire transparaître la psychologie des personnages se déploie. Epousant le point de vue de Louis, le lecteur n’ignore rien de ses tourments. Ainsi il prend conscience avec lui de son amour pour « Elle » : « (…) il avait complètement oublié qu’accepter cet emploi signifiait aussi quitter cette maison. Mon Dieu, la quitter Elle : ce fut comme un coup de poignard à travers la voile fièrement déployée de sa joie. Et en cette seconde où, pris par surprise, il perdit le contrôle de soi, le rempart artificiellement dressé des faux-semblants s’effondra sur son cœur et, pris de brusques palpitations, il sentit à quel point le déchirait, douloureuse, mortelle presque, la perspective de vivre sans elle. »
Le récit se construit autour de ces mouvements de l’âme et du corps. D’Elle, on ne saura pas grand-chose, si ce n’est ce que Louis en perçoit, en imagine également.

Que reste-t-il de l’amour quand on a été séparés et que le souvenir de l’autre n’est plus si vivant, quand la vie a continué pour chacun ? Pas grand-chose, semble nous dire l’auteur, si ce n’est des apparences auxquelles on se raccroche. Les scènes de retrouvailles, insérées dans le souvenir du passé, montrent de façon ténue la montée de la déception : le couple, qui n’en a jamais été un, devient une ombre.

Véritable peinture de l’âme humaine par Zweig, cette nouvelle s’inscrit dans la lignée de la Confusion des sentiments. Même si elle reste, selon moi, un peu en deçà de sa profondeur psychologique.

 

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