14-18 à l'université

La Paix chez les bêtes de Colette

Une femme est accoudée. Elle parait rêveuse. Elle est vêtue d'un vêtement vert et elle porte un bracelet vert, du même vert que les yeux du chat marron à ses côtés.
© LGF/Livre de Poche

 

 

  • Editeur : LGF/Livre de Poche
  • Nombre de pages : 126 pages
  • ISBN : 978-2-253-13978-2
  • Disponible à la BU des Cerclades

 

 

 

 

Résumé de l’éditeur :

« J’ai rassemblé des bêtes dans ce livre, comme dans un enclos où je veux qu’il n’y ait pas guerre… »Avec ces saynètes publiées en 1916, au plus fort du massacre, la romancière de Sido et de La Vagabonde trouve une fois de plus un recours, comme elle le fait face aux désarrois du sentiment, dans la proximité de nature et de la vie animale.Par la grâce de l’écrivain, les chiens et les chats qui vivent dans ces pages sont merveilleusement eux-mêmes, saisis avec un extraordinaire bonheur d’expression, en même temps qu’ils apparaissent comme des êtres doués de raison et de parole.Ils délivrent une vérité parfois cruelle, certes, mais innocente – subtile ambiguïté qui est un des thèmes les plus profonds et les plus continus de toute l’œuvre de Colette.

 

Critique La Paix chez les bêtes

1916, et loin des premiers tirs de la bataille de Verdun, Colette décide d’additionner certains de ses courts textes à d’autres plus récents, dans un recueil au titre significatif, qu’elle intitule La Paix chez les bêtes. Précédé d’une préface-avertissement, qui rappelle aux lectrices et lecteurs que « l’homme déchire l’homme » au moment de la publication, cet ensemble fait office d’enclos littéraire qui se veut éloigné de la guerre. À l’image des papillons qu’elle évoque, l’auteure distille des couleurs dans la brume du quotidien en proposant monologues, dialogues, contes ou autres récits. Ces derniers s’enchaînent et forment un havre de paix qui emmène les protagonistes et la personne qui tient le livre à bonne distance des assauts. Ici, ce sont les animaux qui ont la parole : ils causent du beau temps, traversent les routes, cassent les vases ou tiennent compagnie. On retrouve de nombreux chats et matous – comme Colette aimait les écrire –, mais aussi Poucette la bouledogue, Ricotte l’écureuille, Mâcha l’ourse de la vieille polonaise, une truie chercheuse de truffes, trois poissons rouges avalés par un artiste ou même des couleuvres, aussi froides que les hivers de la grande guerre. Finalement, l’écrivaine nous ouvre les portes d’un bestiaire qui rampe, vole, miaule, grogne, et dans lequel nous glissons, comme nos doigts dans les poils doux, rêches, duveteux ou humides des animaux qu’elle met en scène. Traductrice d’un autre langage, elle utilise la comédie pour faire voir le monde d’un peu plus bas, à hauteur animale : on sentirait presque la terre que les soldats foulent au loin, dans les champs. Néanmoins, le calme de ces contes n’est qu’illusoire, puisque reviennent les combats dans les trois dernières histoires, où la réalité de l’époque rattrape une écriture soucieuse de protéger celles et ceux qui voudraient se couper de tout, le temps d’une lecture.